Une vilenie intellectuelle de Jean-François Revel

LETTRE OUVERTE A JEAN-CLAUDE CASANOVA

 

La lettre suivante a été adressée au directeur de la revue Commentaire, M. Jean-Claude Casanova, le 30 mai 2007 par courrier postal (0,86 euros) sans susciter la moindre réponse.

REFERENCE : Jean-François Revel, La Connaissance inutile, Paris, Grasset, 1988, page 309-310

 

 

Monsieur,

J’ai pris connaissance il y a quelque temps de la livraison Hiver 2006-2007 de la revue Commentaire (n°116), dans laquelle ont été rassemblés plusieurs articles à la mémoire de Jean-François Revel.

Je souhaiterais contribuer, à mon modeste niveau de professeur d’Histoire-Géographie, à ce Tombeau pour Jean-François Revel, auteur dont j’ai lu – parfois relu – avec attention plusieurs ouvrages.

Cette contribution ne sera cependant pas aussi unilatérale que celle des auteurs qui ont apporté leur témoignage. Je pense en effet que Jean-François Revel a été un auteur intéressant jusque vers la fin des années 70, mais que sa pensée s’est ensuite recroquevillée dans une crispation anticommuniste et une admiration du capitalisme un peu trop systématiques. Ce n’est d’ailleurs pas très important : si j’ai des reproches à lui faire, ils ne concernent pas des opinions que je ne partageais pas, mais des énoncés auxquels il s’est laissé aller et qui ne font pas, à mon avis, honneur à l’auteur de L’Histoire de la Philosophie occidentale.

Ne souhaitant pas rester plus longtemps à ce niveau de généralité, je souhaiterais soumettre à votre appréciation, et si vous le jugiez utile, à celui des lecteurs de Commentaire, un extrait de son livre La Connaissance inutile (Grasset, 1988). 

 

***

 

 Cet ouvrage est pour moi l’objet d’une certaine inquiétude, depuis le jour où, dans le chapitre « La trahison des profs », j’en suis arrivé au passage suivant (pages 308-309 de l’édition originale):

 

CITATION 1

[CONTEXTE : Après avoir évoqué la question de la partialité de l’enseignement en France depuis la fin du XIX° siècle, Jean-François Revel analyse, en se servant de communications faites lors d’un colloque sur « La perception de l’URSS à travers les manuels scolaires français » (1987), l’évolution idéologique (« marxisation ») de l’enseignement public. Puis il affirme que :]

Tout se passe comme si, à un moment donné, qu’on peut situer dans les années 60, les professeurs, non contents d’être, comme nous tous, inconsciemment sous l’empire de leur idéologie, avaient consciemment décidé d’utiliser leur position de force à l’égard de la jeunesse pour combattre la civilisation libérale, et, à cet effet, pour récrire l’histoire au lieu de l’enseigner, un peu comme au même moment, les magistrats de gauche s’arrogeaient licence de refuser la loi au lieu de l’appliquer. L’enseignement fait place à la prédication militante : ainsi, dans un livre du maître (c’est-à-dire un manuel destiné à guider le maître dans son enseignement), l’auteur (Vincent, Editions Bordas, 1980) donne aux professeurs les consignes suivantes :

 « On montrera qu’il existe dans le monde deux camps :

         - l’un impérialiste et antidémocratique (USA) ;

         - l’autre anti-impérialiste et démocratique (URSS),

en précisant leurs buts :

- domination mondiale par l’écrasement du camp anti-impérialiste (USA)

- lutte contre l’impérialisme et le fascisme, renforcement de la démocratie (URSS). »

Nous voilà fixés : les enseignants ont pour tâche non plus d’enseigner, mais de renverser le capitalisme et de barrer la route à l’impérialisme.

[Souligné par moi]

 

Si on suit bien le raisonnement de Jean-François Revel, on doit comprendre que Marc Vincent veut inculquer aux professeurs d’histoire-géographie qui ont choisi le manuel Bordas, des idées anticapitalistes, antiaméricaines et prosoviétiques ; que Marc Vincent et un certain nombre de professeurs d’histoire-géographie seraient des agents au service d’un projet de révolution communiste. Concrètement, à bien y réfléchir, la situation paraît un peu alambiquée : nous aurions un organisateur (Marc Vincent) ordonnant (« donne des consignes ») aux professeurs de prêcher (« prédication militante ») la révolution (« renverser le capitalisme ») à leurs élèves. On peut avoir des doutes sur l’efficacité d’une telle structure. Néanmoins, Jean-François Revel énonce son point de vue avec le plus grand sérieux, suggère de surcroît une généralisation (« les enseignants ont pour tâche ») de ce dont il donne un seul exemple ; je vais donc examiner son point de vue de façon détaillée.

Dès la première lecture, j’ai eu la quasi certitude que son interprétation ne pouvait pas être correcte :

D’une part, les idées attribuées à Marc Vincent ne cadraient pas avec l’ambiance de l’année 1980. Peu de temps auparavant, Georges Marchais avait affirmé que le bilan de l’URSS était « globalement positif », ce qui signifiait aussi, malgré tout : « pas totalement positif » ; il est peu probable qu’après cela, même un communiste aurait soutenu, en direction d’un public politiquement divers, l’idée que ce bilan était, en quelque sorte, positif à 150 % ! L’engagement de l’URSS dans la guerre en Afghanistan ajoutait, après divers épisodes des années 1970, à son discrédit, y compris dans les salles des professeurs, où les communistes au sens strict étaient minoritaires (selon mon expérience personnelle).

D’autre part, le texte de Marc Vincent, tel qu’il est cité par Jean-François Revel (partie soulignée par moi ci-dessus), présente des analogies (soulignées ci-dessous) avec un texte connu des professeurs d’Histoire : le discours prononcé par Andreï Jdanov lors de la fondation du Kominform, en 1947. Voici la version proposée par un manuel (Nathan, Histoire, Terminales, 1989, sous la direction de Jacques Marseille ; page 59) :

 

CITATION 2

Deux lignes politiques opposées se sont manifestées : à l’un des pôles la politique de l’URSS et des autres pays démocratiques qui vise à saper l’impérialisme et à renforcer la démocratie ; au pôle opposé la politique des Etats-Unis et de l’Angleterre qui vise à renforcer l’impérialisme et à étrangler la démocratie. Et, parce que l’URSS et les démocraties nouvelles sont devenues un obstacle à la réalisation des plans impérialistes de lutte pour la domination mondiale et pour l’écrasement des plans impérialistes*, une croisade est organisée contre elle. Cette croisade s’accompagne de menace d’une nouvelle guerre de la part des hommes politiques impérialistes les plus acharnés des Etats-Unis et de l’Angleterre. Ainsi, deux camps se sont formés dans le monde, d’une part le camp impérialiste et antidémocratique qui a pour but essentiel l’établissement de la domination mondiale de l’impérialisme américain et l’écrasement de la démocratie, et, d’autre part, le camp anti-impérialiste et démocratique dont le but essentiel consiste à saper l’impérialisme, à renforcer la démocratie, à liquider les restes du fascisme. […]

Dans ces conditions, le camp anti-impérialiste et démocratique se trouve dans la nécessité de s’unir, de se mettre librement d’accord sur un plan d’action commune, d’élaborer sa tactique contre les forces principales du camp impérialiste, contre l’impérialisme américain, contre ses alliés français et anglais, contre les socialistes de droite avant tout en Angleterre et en France.

Communiqué publié en octobre 1947 après la conférence de Szklarska-Poreba (Pologne)

[Note

* : le texte proposé ci-dessus doit contenir une erreur ou une lacune : la phrase « un obstacle à la réalisation des plans impérialistes de lutte pour la domination mondiale et pour l’écrasement des plans impérialistes… » n’est pas parfaitement logique ; néanmoins, je me contenterai de cette version, cautionnée par l’homme et l’universitaire de renom qu’est Jacques Marseille, dans la mesure où ce petit défaut ne concerne pas la partie du texte qui m’intéresse.]

 

Mon analyse de ces similitudes aboutissait à la conclusion suivante : Marc Vincent ne cherchait probablement à endoctriner personne ; il devait simplement paraphraser le discours de Jdanov ; la citation proposée par Jean-François Revel devait avoir été légèrement modifiée afin d’en gauchir la signification.

Dernier indice : le fait qu’après avoir lancé une accusation assez grave, Jean-François Revel passe très rapidement à un sujet différent, quoique proche : l’emprise communiste dans les manuels d’espagnol Sol y Sombra (éditions Bordas), sujet sur lequel il s’attarde plus longuement.

Il m’a fallu pas mal de temps pour me procurer le texte original de Marc Vincent. Je n’y suis parvenu que récemment, postérieurement au décès de Jean-François Revel.

Voici ce texte (pages 95 et 96 du Guide du professeur d’Histoire-Géographie de 3° par Marc Vincent, Bordas, 1980), dans lequel j’ai souligné la partie incriminée :  

 

CITATION 3

Exploitation des documents

37 : La formation des blocs

………………………………………..

4. La doctrine Jdanov

 Jdanov (1896-1948) avait dès 1915 adhéré au Parti bolchevik et s’était montré un fidèle compagnon de Staline ; il contribua en août 1939 au rapprochement germano-soviétique. Pendant la guerre, il assura la défense de Leningrad assiégée. En 1946 il devint « troisième secrétaire du parti » (après Staline et Malenkov) et joua un rôle déterminant dans la création du Kominform.

Le Kominform regroupe les représentants des Partis communistes d’URSS, des démocraties populaires, de France et d’Italie.

Du texte on fera tirer

- l’existence des deux camps impérialiste et antidémocratique (Etats-Unis), et anti-impérialiste et démocratique (URSS) ;

- et leurs buts : domination mondiale par l’écrasement du camp anti-impérialiste (Etats-Unis) et lutte contre l’impérialisme et le fascisme, renforcement de la démocratie (URSS).

Les anciens alliés sont devenus des antagonistes ; c’est la « guerre froide » qui s’installe entre eux.

 

Cela confirme ce dont j’avais fait l’hypothèse.

1)   La citation n’est pas littéralement fidèle à l’original.

2)   Elle a bel et bien été manipulée, d’abord par extraction hors de son contexte (l’étude de la personnalité et du rôle d’Andreï Jdanov), et, plus gravement, par la transformation du début de la phrase : « Du texte on fera tirer…. » devenant « On montrera…».

Je crois donc ne pas me tromper en affirmant que, page 309 de La Connaissance inutile, se trouve une citation truquée, avec effet d’en transformer complètement le sens : ce qui est l’opinion, la « doctrine » de Jdanov est attribué par Jean-François Revel à Marc Vincent. Les « deux camps » ont une « existence » non pas en 1980 dans le texte de Marc Vincent, mais en 1947 dans celui de Jdanov.

On peut se demander pour quelle raison cette manipulation a eu lieu : le passage cité ci-dessus (CITATION 1) est en effet assez court, l’analyse des manuels menée dans les pages précédentes est convaincante… Pourquoi ce coup de force dont La Connaissance inutile aurait pu se passer ? Jean-François Revel a-t-il pensé qu’il ne suffisait pas de signaler une imprégnation idéologique, qui ne peut être que partielle ? A-t-il estimé nécessaire de concrétiser sa démonstration, de détecter des individus réels qui puissent être supposés coupables, de dénoncer un individu nommément désigné ? Dénonciation d’autant plus difficile à justifier qu’elle n’est pas fondée. Jean-François Revel commence son paragraphe par la formule consacrée : « Tout se passe comme si… », qui n’implique pas de culpabilité au sens judiciaire (elle évoque tout de même la notion de culpabilité objective, chère, entre autres, aux théoriciens marxistes-léninistes des grandes époques répressives), mais il semble ne pas avoir résisté au plaisir de mettre en évidence, à propos de Marc Vincent, un acte moralement, sinon légalement, répréhensible, alors que cet acte a pour principale caractéristique de ne pas avoir été commis. C’est assez étrange.

On peut aussi se demander quelle est la part de responsabilité de Jean-François Revel dans ce truquage. Ne disposant pas d’informations sur sa technique de documentation, j’envisage deux possibilités :

1) Il confie à un assistant le soin de chercher des témoignages de l’emprise communiste dans l’enseignement secondaire. Une phrase trouvée dans l’ouvrage de Marc Vincent va être modifiée par la substitution de « On montrera…» à « Du texte on fera tirer…. ». Si on compare les deux versions isolées de tout contexte, elles peuvent ou bien être synonymes (deux paraphrases du texte de Jdanov), ou bien ne pas l’être (la phrase originelle pourrait difficilement être autre chose qu’une paraphrase, puisqu’elle se manifeste, dans sa littéralité, comme analyse d’un texte ; la seconde peut ne pas l’être). Le documentaliste, sachant qu’il s’agit d’une paraphrase, se donne bonne conscience en laissant à Jean-François Revel le soin de l’interpréter comme une injonction à l’endoctrinement. Jean-François Revel a dans une certaine mesure été trompé ; mais il a fait preuve d’imprudence ou de négligence et sa responsabilité d’auteur est entière.

2) Il a eu personnellement le texte de Marc Vincent sous les yeux ; sachant que la citation originelle ne convient pas à sa démonstration, il effectue lui-même les retouches nécessaires ; cela permettrait d’expliquer pourquoi il passe sans insister à un autre sujet ; ce serait évidemment plus grave.

Les remarques précédentes ne concernent cependant que la personnalité de Jean-François Revel, telle qu’elle s’était transformée à l’époque de Mme Margaret Thatcher et de feu Ronald Reagan.

D’un point de vue plus général, on peut s’interroger sur l’importance de la présence d’une citation truquée dans un livre de Jean-François Revel. Il me semble qu’elle est assez grande : une partie de son œuvre a en effet été consacrée, de façon tout à fait justifiée, à la dénonciation de tels procédés chez ses adversaires communistes ou sympathisants ; il a préfacé un ouvrage, Les Photos truquées (Gérard Le Marec, Editions Atlas, 1985). D’un point de vue personnel, c’est parce que je considérais le mensonge organisé comme un aspects des plus répugnants de la société soviétique de l’époque brejnévienne que j’ai suivi avec sympathie son parcours des années 70, alors qu’il écrivait La Tentation totalitaire et La Nouvelle censure. Doit-on trouver normal de dénoncer le mensonge quand il émane d’une organisation totalitaire, et de l’accepter quand il émane d’une personnalité qui se veut antitotalitaire ? Il est certain que les régimes totalitaires fondent une partie de leur propagande sur le truquage. Cela ne justifie pas nécessairement l’emploi des mêmes méthodes pour lutter contre eux ; du reste, dans le passage qui nous occupe, Jean-François Revel ne s’attaque pas à un pouvoir totalitaire – mais à un groupe, les enseignants français des années 1980, qu’il cherche à discréditer en démontrant qu’ils ont de la sympathie pour une idéologie totalitaire ; affirmant avec conviction que Marc Vincent a, en 1980, les opinions des staliniens du début de la guerre froide, il ne contribue absolument pas à la clarification du débat et ne fait rien de plus qu’induire ses lecteurs en erreur, avec de fortes chances de succès, compte tenu de leurs probables opinions politiques, de la confiance qu’ils lui accordent et de leur méconnaissance du discours de Jdanov.

Sur un plan pratique, l’existence de ce faux jette la suspicion sur l’ensemble des énoncés du livre, et peut-être sur ceux d’autres livres : dès lors qu’une manipulation est établie, on ne peut plus avoir totalement confiance en un écrit de Jean-François Revel : chacune de ses affirmations de fait nécessite un travail de vérification. Si, de surcroît, on est en désaccord avec une partie de ses opinions, cette suspicion ne peut que diminuer l’estime que l’on avait pour lui. Et pour ceux qui, d’avance, n’avaient aucune estime pour les opinions de Jean-François Revel, un tel faux ne peut que renforcer leur manière de voir.

On peut enfin se demander s’il s’agit d’un cas isolé dans son œuvre. Je n’ai pas effectué de recherches systématiques dans ses livres postérieurs à La Grâce de l’Etat (1981) : en fin de compte, je préfère ignorer (pour l’instant) si on trouve d’autres exemples de faux dans les écrits de Jean-François Revel ; en revanche, je suis certain qu’on y trouve en abondance des énoncés relevant d’interprétations tendancieuses, par exemple, ce qu’il écrit, peu après l’extrait « Vincent=Jdanov », à propos de Federico Garcia Lorca.

 

[CONTEXTE : Il explique que le manuel Sol y sombra fait l’impasse sur de nombreux écrivains importants, puis conclut (page 309) :]

 Ne subsistent que le « martyr » Garcia Lorca – assassiné, malgré la légende, pour des raisons plus personnelles que politiques – et les communistes Alberti et Hernandez.

 

Je suis prêt à admettre que les manuels Sol y Sombra sont tendancieux, mais je reste perplexe devant ces formulations dégradantes, je suis très mal à l’aise devant ces « guillemets », ces insinuations non explicitées. Jean-François Revel fait-il allusion au thème du « règlement de compte entre homosexuels » dont me fit part en 1978 (je ne la connaissais pas auparavant), un collègue, professeur d’espagnol, resté apparemment imperméable à la propagande de Messieurs Duviols (les auteurs des manuels Sol y sombra) ? L’étude des circonstances de la mort de Federico Garcia Lorca nécessiterait un trop long développement. En tout état de cause, ce n’est certainement pas ce que Jean-François Revel a écrit de plus remarquable.

Je note aussi la réaffirmation de son hostilité au régime de Salvador Allende, lorsqu’il évoque un chapitre du même manuel d’espagnol

 

… où se trouve entérinée la version mythique de la chute d’Allende. 

 

***

 

Peut-être pourrait-il m’être reproché d’avoir attendu la disparition de Jean-François Revel pour faire état de cette analyse de textes, et de l’avoir ainsi privé de la possibilité de se défendre.

Je peux justifier une partie de ce retard par des raisons pratiques. Il me paraissait nécessaire de disposer du texte de Marc Vincent, afin de pouvoir sortir du domaine des hypothèses. Dans les mois qui ont suivi mon premier contact avec La Connaissance inutile, je me suis adressé, à deux reprises, aux Editions Bordas pour obtenir des renseignements plus précis, sans recevoir de réponse. J’ai effectué quelques recherches dans le catalogue informatique de la Bibliothèque nationale de France, sans résultat. Je suis prêt à reconnaître que je me suis laissé un peu rapidement décourager. Je reconnais aussi que je n’ai pas mené à son terme le projet d’écrire directement à Jean-François Revel.

Je n’ai repris mes recherches qu’après son décès, à la suite de la publication du livre de Pierre Boncenne Pour Jean-François Revel, objet, à l’automne 2006, de comptes-rendus pleins d’éloges pour le livre et pour la personnalité dont il mène l’étude. Je dois d’ailleurs être reconnaissant à M. Pierre Boncenne, dont une intervention auprès de la Bibliothèque Nationale de France m’a permis de retrouver trace du Guide du professeur de Marc Vincent.

Par delà ces détails anecdotiques, je peux aussi m’autoriser d’une proclamation d’apparence un peu abrupte :

 

Comme il va être, à diverses reprises, dans ce livre, question de Merleau-Ponty, à titre de phénomène local français très exemplaire, en termes modérément élogieux, il ne manquera pas de bonnes âmes pour m’accuser – avec cet art qu’ont les philosophes de toujours se placer sur le seul terrain des idées – de « cracher sur une tombe encore fraîche ». Je réponds, une fois pour toutes, que nous sommes tous mortels, que je mourrai peut-être moi-même dans dix secondes, et que le plus grand honneur qu’on puisse faire à un intellectuel consiste à parler de ses livres d’une seule manière, qu’il soit mort ou vivant. Laissons aux évêques et aux généraux le bénéfice de l’immunité que confèrent l’âge, la maladie ou la mort récente.

[Note de bas de page de La Cabale des dévots (édition Pluriel/Livre de Poche, page 192)]

 

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations.

 

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