A propos du livre d'Emmanuel Todd « La Chute finale » 1 : Présentation

Publié le par JACQUES GOLIOT

 

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Origine de cet article

Dans sa présentation, le site « Enquête et Débat » propose des perspectives tout à fait intéressantes : 

« Nous sommes une équipe de passionnés, rassemblés autour de Jean Robin, jeune journaliste, éditeur et auteur de 33 ans. Nos moyens sont pour l’instant très modestes, mais notre espoir est grand de contribuer à renouveler la pratique journalistique.

Nous estimons en effet qu’Internet permet une approche radicalement nouvelle du traitement de l’information (diffusion massive à moindre coût, contextualisation de l’information, participation active des lecteurs) »

 

J’y ai trouvé récemment un article : « Emmanuel Todd : vrai prophète ou vrai opportuniste ? », dont le titre suffit pour donner une idée de ce qui s'y trouve. Ce texte assez long est signé « Jean », nom qui doit renvoyer au fondateur du site, jeune homme (inconnu de moi) qui paraît être une valeur sûre du monde médiatique à venir. 

 

Je ne vais pas passer l’ensemble de l’article en revue, mais m’attacher à un passage du début : 

« Depuis [1989], les prévisions d’Emmanuel Todd se révèlent de plus en plus imprécises, pour ne pas dire fausses. D’ailleurs, on est en droit de se demander dans quelle mesure sa prévision sur l’URSS ne relève pas d’une coïncidence, plutôt que d’une prévision, tant on sait que les prévisions ne sont pas du domaine scientifique. Todd dit se baser sur des faits scientifiques pour parvenir à ses prévisions, mais un autre scientifique, Nassim Taleb, explique dans son best-seller Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible, en quoi cela relève de la supercherie : “Pourquoi les prévisionnistes sont-ils pratiquement tous des arnaqueurs ? Ce livre révèle tout des Cygnes Noirs, ces événements aléatoires, hautement improbables, qui jalonnent notre vie : ils ont un impact énorme, sont presque impossibles à prévoir, et pourtant, a posteriori, nous essayons toujours de leur trouver une explication rationnelle. Dans cet ouvrage éclairant, plein d’esprit et d’impertinence, Taleb nous exhorte à ne pas tenir compte des propos des « experts », et nous montre comment cesser de tout prévoir ou comment tirer parti de l’incertitude.

Malgré cela, Todd continue sur sa lancée, quitte à se décrédibiliser de plus en plus. Mais il profite de la chance du débutant qui continue de jouer pour lui, et prophétise désormais sur tout et n’importe quoi, et notamment  la chute des États-Unis et celle de l’Union Européenne. Or ni l’une ni l’autre n’a eu lieu, on en est même très loin, sauf cygne noir évidemment. »

 

D’une façon générale, l’ami « Jean » fait preuve de beaucoup de présomption et d’insolence, en l’occurrence très peu fondée. 

On remarquera plus particulièrement la phrase : « D’ailleurs, on est en droit de se demander dans quelle mesure sa prévision sur l’URSS ne relève pas d’une coïncidence », dans laquelle « Jean » la joue super condescendant (« à moi, on ne la fait pas »), tout en révélant aussi qu’il n’a pas lu l’ouvrage qu’il critique (La Chute finale, Robert Laffont, 1976). Pour masquer cette insuffisance, il se rabat sur une citation pas très appropriée, qu'il attribue à Nassim Taleb (« scientifique » inconnu de moi, mais je ne doute pas qu’il soit très important), alors qu'il s'agit probablement d'un extrait de quatrième de couverture (« Taleb nous exhorte »).

S’agit-il vraiment d’une « approche radicalement nouvelle du traitement de l’information » ? Cela relève plutôt d'un journalisme d’opinion pas très haut de gamme ; l'auteur dit au lecteur « Voilà ce qu’il faut penser de tel ou tel sujet », mais ne lui fournit pas les moyens d’évaluer ces opinions (ici, il n’indique même pas, à défaut de connaître l’œuvre d’Emmanuel Todd, si, avec son « cygne noir », Taleb fait allusion à Tchaïkovski ou si c'est une coïncidence !).

 

Il se trouve que j’ai lu La Chute finale dès l’année de sa parution, n’étant malheureusement plus aussi jeune et sémillant que « Jean ». Je dois reconnaître que ce livre m’avait fortement impressionné (comme la plupart des livres d’Emmanuel Todd que j’ai lus par la suite) et la diatribe johannique m’a incité à faire un retour à « ces années 70 où l’on voyait tout ça venir* ». 

J’ai relu La Chute finale et c’est tout à fait intéressant.

 

 

Présentation de La Chute finale

C’est un livre de 324 pages, divisé  en deux parties, « Automatismes sociaux » et « Choix et mentalités », et 11 chapitres.

Introduction : concepts généraux de l’étude de l’URSS ; problème des sources ; thèse générale : l’URSS est en proie à de graves tensions

Première partie : 

1) L’essence du stalinisme de longue période

2) Le prolétariat sous sa dictature

3) Le blocage de l’économie soviétique

4) L’envol des satellites

5) Le capitalisme toujours conquérant

Deuxième partie : 

6) Une classe dirigeante lucide mais fasciste

7) Désespoir et déviance de masse

8) Adaptation et crise du système répressif

9) Immobilisme intérieur, expansion militaire

10) Réforme ou désagrégation

11) Attitudes occidentales

Cette reprise du sommaire montre que l’ouvrage couvre un champ beaucoup plus large qu’une prévision sur le devenir de l’URSS.

 

NOTE

* « ces années 70 où l’on voyait tout ça venir » : ça n’a pas vraiment de rapport avec le sujet ; c’est juste pour citer Gilles Servat.

 

 

A venir : Les prévisions d'Emmanuel Todd dans La Chute finale

Publié dans Personnalités

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